dimanche 28 octobre 2012

Quid des écolabels?


A la question dans mon dernier post, j’ajouterai une réponse : une solution contre la mauvaise consommation d’outils électroniques, c’est l’écolabel. J’ai donc voulu savoir quel écolabel assez rigoureux existait, et surtout sur quels ordinateurs, smartphones etc. je pourrais jeter mon dévolu si je devais m’équiper judicieusement.

Le bébé européen des écolabels



L’écolabel à la fleur de pissenlit pour les ordinateurs portables vient d’être mis à jour. En résumé : meilleure efficience énergétique, réduction de certaines substances toxiques comme le mercure ou les phtalates, facilitation de la réparation et du recyclage. Pour vous donner une idée du contenu du nouveau label, voici les 14 points qui ont été modifiés :

§   Économies d’énergie
Les ordinateurs portables présenteront bientôt une étiquette énergie, comme les lave-linges, téléviseurs etc. Ils seront rangés dans les classes A, B ou C suivant leur niveau de configuration minimal (de 40 à 88kWh de consommation annuelle). Par exemple, les ordinateurs les plus puissants et donc gourmands en énergie seront classés C. Il existe déjà un label spécifique à la consommation d’énergie : Energy Star. La dernière version (5.0) de ce label est particulièrement exigeante (par exemple, l’alimentation de l’ordinateur doit fournir un rendement de 85% à 50% de charge). Or, les performances en matière d’efficacité énergétique des laptops labellisés avec l’Ecolabel devront dépasser les exigences de la norme Energy Star 5.0 d’au moins :
- 25 % pour la catégorie A
- 25 % pour la catégorie B
- 15 % pour la catégorie C

§   Gestion de la consommation
Les ordinateurs portables devront être livrés aux consommateurs en mode gestion d’énergie économique : mise en veille de l’écran au bout de 10 minutes, mise en veille de l’ordinateur au bout de 30 minutes.

§   Mercure
Le rétroéclairage de l’ordinateur portable ne contiendra pas plus de 0,1 mg de mercure ou de ses composés par lampe.

§   Avertissements
Chaque substances et mélange dangereux impliquera la présence d’un message d’avertissement de danger et de risque normé.

§   Substances toxiques
Les substances « extrêmement préoccupantes » (listées à l’article 59 du règlement (CE) n° 1907/2006) devront être présentes à des concentrations inférieures aux concentrations limites (précisées dans l’article 59 du règlement (CE) no 1907/2006).

§   Plastiques
En plus du critère précédant, le DNOP, le DINP et le DIDP (des phtalates) ne devront pas entrer dans la composition d’éléments du produit. On rappelle que les phtalates servent à « adoucir » le plastique, et qu’elles ont de multiples répercussions sur la santé des humains mais aussi… sur la survie des poissons ! (Vous avez déjà entendu parler de la baisse de fertilité qui menace les poissons, car ils deviennent tous femelle ? C’est en partie à cause des phtalates rejetées à la mer, qui sont des perturbateurs endocriniens.) Aussi, les éléments en matière plastique ne doivent pas avoir une teneur en chlore supérieure à 50 % en poids. (Le PVC et les plastiques de la même famille sont des plastiques chlorés très souples que les fabricants adorent ! Le problème est qu’en brûlant, ces plastiques dégagent du dichlore toxique qui peut se respirer, fondre dans la peau…  La première cause de mortalité lors d’un incendie est l’absorption de telles substances toxiques.) Seuls pourront être utilisés les produits biocides dont l’usage est autorisé pour les ordinateurs.

§   Niveau sonore
L’unité centrale de l’ordinateur portable ne devra pas dépasser : 32dB en mode inactif et 36dB lors de l’accès à un disque dur. On se préoccupe aussi du confort des utilisateurs !

§   Matériaux recyclés
Les choses qu’on sait bien faire en matériaux recyclés, comme les enveloppes externes de l’unité centrale, de l’écran et du clavier devront avoir une teneur minimale en matériaux recyclés « postconsommateurs » d’au moins 10 % en masse.

§   Instructions d’utilisation
L’ordinateur portable devra être vendu avec un mode d’emploi adéquat dans lequel figurent des conseils pour une utilisation respectueuse de l’environnement. Ces informations seront placées en évidence, en un seul endroit du mode d’emploi, ainsi que sur le site internet du fabricant.

§   Réparabilité
L’utilisateur aura accès à un manuel fournissant des instructions afin d’effectuer des réparations de base. Des pièces de rechange seront disponibles pendant au moins cinq ans à compter de l’arrêt de la production de l’ordinateur portable.

§   Eco-conception
Le fabricant doit démontrer que l’ordinateur portable peut être facilement démonté par des professionnels qualifiés lors de réparations et de mises à niveau, ainsi qu’à des fins de recyclage ou de réutilisation.

§   Durée de vie
Les ordinateurs portables devront être équipés d’au moins trois interfaces USB ainsi que d’une connexion à un moniteur externe pour pouvoir mettre à niveau la mémoire ou étendre celle-ci, et ainsi prolonger leur durée de vie. L’ordinateur devra également être conçu de façon à ce que ses principaux composants (y compris les lecteurs de mémoire, UC et carte) puissent être rapidement échangés ou mis à niveau, en utilisant notamment des boîtiers à clips, à glissières ou de type cartouche pour les composants.

§   Emballage
Parmi les emballages finaux utilisés, les boîtes en carton devront être composées de 80 % minimum de matériaux recyclés, et les sacs plastiques d’au moins 75 %, ou bien ils seront biodégradables ou compostables.

§   Informations figurant sur le label
Dans l’encadré du label figureront les mentions :
- Grande efficacité énergétique
- Conception facilitant la réparation et le recyclage
- Rétroéclairage sans mercure

Notons également que ce label implique la reprise gratuite de l’ordinateur par le fabricant pour être recyclé/réutilisé.

Pour pouvoir apposer l’écolabel européen sur ses ordinateurs portables, le fabricant doit faire tester son produit par un laboratoire indépendant aux normes, et présenter les tests à la Commission Européenne. Les seuls ordinateurs ayant reçu le logo au pissenlit sont des netbooks Asus (N80, N50, N20, N10), commercialisés en Europe. Dommage, ils ne sont plus vendus et la relève n’est pas assurée. En effet, il est difficile d’obéir à toutes les exigences du label européen d’un seul coup, et celui-ci risque fort de se faire remplacer par son concurrent américain.

EPEAT, la success story



Le principal concurrent en termes d’écolabel est l’EPEAT (outil d’évaluation environnementale des produits électroniques) américain. Il couvre désormais 1168 produits de plus de 30 entreprises, ce qui est très respectable pour un écolabel complet. La principale différence est que le laboratoire qui valide les produits labellisés est rattaché à l’EPEAT. Un label plus facile donc (cf. Apple : greenwashing ?)

L’EPEAT est aujourd’hui considéré comme la référence par les fabricants d’électronique. Il se décline en trois prix : gold (équivalent à l’écolabel européen), silver et bronze, ce qui permet aux fabricants d’atteindre graduellement le haut de l’échelle. Un autre facteur de succès est le coup de pub, et l’introduction dans les mœurs, offert par George W. Bush il y a quelques années lorsqu’il rendit obligatoire l’achat de matériel certifié EPEAT pour l’ensemble des agences fédérales américaines.

Quant aux performances en matière de réduction de l’empreinte écologique, les chiffres sont éloquents. Les ventes certifiées EPEAT en 2010 auraient permis d’économiser, par rapport à des produits standards, 16 millions de tonnes de ressources non renouvelables et 92 000 tonnes de déchets (dont 60 000 tonnes de déchets toxiques).

Je suis donc prête à me procurer un ordinateur sur lequel le label gold est apposé. Mais voilà, je tombe sur ceci.

Apple : greenwashing ?



L’EPEAT a décerné en 2012 le prix gold au MacBook Pro Retina d’Apple, pourtant jugé sur ifixit.com « le moins réparable et le moins recyclable des ordinateurs que nous ayons rencontré […] depuis une dizaine d’années que nous désassemblons des produits électroniques ». Cela en dit long sur la sévérité du label, et beaucoup s’insurgent contre ce qui s’apparente à du greenwashing. Mais qu’est-ce que c’est déjà le greenwashing ou éco-blanchiment (pour une fois, le mot français est plus parlant) ?

L’agence de journalisme pour la responsabilité et la transparence des multinationales CorpWatch définit le greenwashing comme : « Le comportement d'entreprises nocives du point de vue social ou environnemental qui tentent de préserver et étendre leurs marchés en se présentant comme des amis de l'environnement et des leaders dans le combat pour éradiquer la pauvreté », ou encore « toute tentative pour laver le cerveau aux consommateurs ou aux décideurs politiques afin de les persuader que des méga-corporations pollueuses sont la clé d’un développement durable raisonnable ».

Mais revenons sur Apple mauvais élève.  Celui-ci a provoqué un autre scandale en retirant ses produits du listing EPEAT, à l’époque où son MacBook Pro Retina recevait le lablel, expliquant que « sa stratégie en matière de design n’était plus conforme aux conditions requises par EPEAT ». Vu la popularité du label (plus de la moitié des consommateurs américains prendrait en compte la dimension environnementale et économe en énergie lors de l’achat de matériel high-tech, et 1/3 d’entre eux excluraient les matériels qui ne soient pas « eco-friendly »), la réaction a été de taille : la ville de San Francisco a annoncé qu’elle boycotterait Apple. Comment la France aurait-elle réagi sachant que depuis 2008, le matériel importé doit répondre au minimum aux exigences du label Energy Star en vigueur, et que 60% doit respecter l’équivalent de l’ancien écolabel européen ?

Aussi la marque à la pomme a-t-elle rectifié le tir en s’excusant : « Je le reconnais, c’était une erreur. Dorénavant, tous les produits Apple éligibles seront certifiés EPEAT » annonce Bob Mansfield, vice-président senior de l’ingénierie matérielle. C’est une bonne nouvelle dans le monde de l’environnement que la pression politique ait eu raison de pratiques non durables, même si comme on le souligne dans un article sur greenit.com, « le terme « éligibles » employé par Bob Mansfield laisse présager que certains produits d’Apple continueront à être conçus en dépit du bon sens écologique pour satisfaire l’appétit des consommateurs à la recherche d’équipements toujours plus fins et design ».

La solution ?

Je peux toujours aller faire un tour sur leboncoin.fr pour trouver un netbook Asus N80, N50, N20 ou N10, quitte à changer la batterie (qui est encore disponible). Sinon, je crois que je sauterai sur l’occasion la prochaine qu’un fabricant « s’arrachera » pour obtenir l’écolabel européen.


Liens :

§   Vous voulez un état de l’art des écolabels :

§   Vous voulez en savoir plus sur les effets des phtalates :

Sources :

§   Mise à jour de l’écolabel européen en détail :

§   L’EPEAT :

§   Energy Star 5.0 :

§   Greenwashing :

§   Apple et l’EPEAT :

mercredi 17 octobre 2012

Contre le géant de l'informatique


Vous avez deviné ? Dans ce post, je veux m’attaquer aux pratiques commerciales et environnementales douteuses d’Apple. Ce n’est surement pas le premier blog que vous lisez à s’insurger contre le fabricant des iPhone, mais c’est sans doute parce que son succès fascine qu’Apple crée le scandale et que nous n’avons pas fini d’en parler. Car avec cet engouement planétaire, Apple se doit d’autant plus d’être vigilant sur son impact environnemental et sur son influence dans la société.


Incompatibilité

L’iPhone 5 est là, et il ne réserve pas que des bonnes surprises. Son chargeur n’est pas compatible avec les 183 millions d’iPhone, 73 millions d’iPad et 275 millions d’iPod vendus dans le monde, tout comme les nouvelles stations d’accueil. Apple fait donc le pari de nous faire racheter toute une gamme d’équipements, mais ce n’est pas si risqué comme on le verra plus bas (cf. Obsolescences). Rappelons d’ailleurs que le nouveau chargeur n’est toujours pas standardisé micro-USB, alors que la firme à la pomme s’était engagé avec 9 autres grands fabricants de téléphones portables à appliquer cette norme sur ses produits courant 2010 !



Pourquoi une harmonisation des connecteurs des chargeurs de téléphones portables ? Parce que l’incompatibilité des chargeurs, c’est ennuyeux quand on a perdu le sien, mais c’est surtout un problème environnemental et « durable » : tous les chargeurs spécifiques à nos appareils  dysfonctionnels ou obsolètes sont jetés même s’ils sont en bon état. Et cela nous encourage à racheter de nouveaux équipements, consomme plus d’énergie lors de la production des différents chargeurs et génère des quantités de déchets. C’est un phénomène qui prend tellement d’ampleur que c’est à la demande de la Commission Européenne que cet accord sur l’harmonisation s’est concrétisé (car la plupart des fabricants sinon ont tenu leur promesse).


Obsolescences

Les spécificités des téléphones et ordinateurs Apple ne s’arrêtent pas aux chargeurs et aux ports de chaîne hi-fi. Les vis utilisées sur les coques des iPhone 4 et 5, le MacBookAir et un des MacBookPro sont des vis propriétaires « pentalobe » pour empêcher l’utilisateur d’ouvrir son appareil : elles sont souvent inutilisables après dévissage comme indiqué sur le site de réparation autonome ifixit.com. On nous informe même sur ce site que certains propriétaires de versions antérieures d’iPhone ont remarqué qu’après un passage chez leur réparateur Apple, les vis standard de leur appareil avaient été remplacées par des vis « pentalobe ». Mais quelle est la stratégie d’Apple ?



Il s’agit de nous dissuader de rallonger la durée de vie en changeant la batterie ou d’autres composants nous-mêmes, donc de nous encourager à renouveler nos téléphones, ordinateurs portables et tablettes de la marque à la pomme. D’ailleurs, le contrat de garantie stipule que si le propriétaire ouvre son appareil, celui-ci devient hors-garantie. C’est une forme d’obsolescence, une obsolescence technologique.

Il y a aussi l’obsolescence programmée, par exemple certains utilisateurs se sont plaints que les batteries d’iPhone étaient faites pour durer 18 mois : les ingénieurs d’Apple auraient donc artificiellement raccourci la durée de vie du produit. Il y a l’obsolescence perçue : Apple vous donne une image obsolète de ses anciens produits à chaque nouveau produit. Rappelons qu’au coût économique et environnemental des obsolescences s’ajoute un coût social. Camille Lecomte, chargée de campagne Modes de Production et de Consommation Responsables nous appelle à réagir : « Combien de temps les populations d’Afrique impactées par l’extraction minière nécessaire à ces technologies vont-elles encore supporter de voir leur environnement détruit, leurs cours d’eaux et leurs sources contaminées ? ».

Mais en parlant d’impact social, revenons sur la garantie chez Apple.


Garantie

C’est l’objet d’une grande polémique. La communication d’Apple autour de la garantie de ses produits n’est pas aux normes européennes : on nous offre 1 an de garantie avec une extension payante à 3 ans pour tous ses appareils, alors que la législation en Europe veut que le constructeur garantisse gratuitement ses produits 2 ans minimum.



En ce moment, Bruxelles passe au crible les pratiques d’Apple en matière de garantie et la firme risque une amende, alors qu’elle a déjà été condamnée par l’autorité de la concurrence italienne à payer 900 000€ pour manquement au code de la consommation.


La pomme est-elle verte ?

En 2009, Apple devient la première société d’électronique à publier son empreinte carbone complète et elle fait un effort de communication pour apparaître comme une firme verte. Sur apple.com, on découvre un programme de recyclage comprenant la reprise des produits Apple et leur recyclage à 90% de leur poids initial, avec une brève description du recyclage de l’écran, du plastique, mais rien sur les matières les plus dangereuses qui finissent surement comme la plupart des DEEE : triées sans protection en Inde et en Chine à $1,50 de la journée, vu que ça coûte moins cher de leur vendre ces déchets que de construire une véritable usine de recyclage. Impossible pour moi d’en savoir plus sur ce phénomène, qui reste très opaque car très lucratif !



Ce n’est pas tout : si on focalise sur l’iPhone 5, il émet 24kg de gaz à effet de serre de plus à la fabrication que la quatrième génération. Avec 170 millions de ventes prévues durant la première année de commercialisation, ça fait 12,7 millions de tonnes d’équivalent CO2, soit autant que les émissions annuelles de la Bolivie (10 millions d’habitants) !


Solutions :

Allez faire un tour sur :

·        ¡ ifixit.com (réparation autonome)

¡ monextel.com (reprise de téléphone portable pour recyclage ou don à une association de votre choix)

¡ ¡ … à vous de compléter, ça m’intéresse !


Sources :

·        ¡ Garantie :

·        ¡ Obsolescence programmée et environnement :

·        ¡ Harmonisation des chargeurs :

Bonjour à tous !




Ce blog est dédié au développement durable et à son application aux technologies de l’information et de la communication. Je posterai ici ce que je trouve sur Internet, dans mes cours et ailleurs pour vous informer et vous donner des idées sur le sujet, en espérant que ça nous fasse tous faire un pas vers un monde plus viable et plus agréable (rien que ça !)

Mais au fait, c’est quoi déjà le développement durable ? C’est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », Rapport de Brundtland, 1987. Le développement durable est donc environnemental, mais aussi économique et social. Alors pas besoin d’avoir l’âme d’un(e) écolo, intéressez-vous à ce qui se fait aujourd’hui pour préserver notre portefeuille, nos droits, notre mode de vie et notre belle planète !

Bonne lecture !